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In Memoriam Serge Goursaud (1943-2024)

Vie de l'université Article publié le 16 mai 2024 , mis à jour le 16 mai 2024

Toute une vie dédiée à l’enseignement.
Un grand artisan et promoteur du système IUT, bâtisseur de notre IUT nous a quitté.

Serge Goursaud a été élève de l’E.N. d’instituteur de Limoges (1959 à 1962), de la prépa à l’E.N.S.E.T. du L.E.T. de La Martinière -Les Terreaux à Lyon (1962 à1964) enfin de l’E.N.S.E.T. (E.N.S. Cachan de nos jours) (1964à 1968).
 Il a fait partie de la promotion de l’agrégation 1968 spécialité Sciences Physiques option Chimie. Repéré par le Pr H. Coudane lors des séances de préparation au CAPET et à l’»Agrég», ce dernier l’a recruté en octobre 1968 au département chimie comme professeur détaché dans l’enseignement supérieur, corps duquel il a démissionné, pour être recruté comme Assistant en Chimie Physique (01-10-1970) et y être promu successivement Maître-Assistant (du 01-10-1972 au 31-12-1984) puis enfin Professeur des Universités (01-10-1985 au 30-06-1999).

Promo DUT Chimie 1969 (Serge Goursaud au 1er rang, 2ème à partir de la gauche)

 

De 1997 à 1999, de retour au sein du LETIAM après son directoriat, il a très vite cherché à assumer d’autres responsabilités. Ainsi il a été nommé Président de la Commission Consultative Nationale des IUT et IUP (06-97 à 09-99). Il a aussi été coopté comme expert de Pro-Educ-Consultants, où sous la direction de C. Forestier il a rejoint J. Mazeran (son ami et partenaire à l’ADIUT et à IUT International). Il y a mis en place des missions, en a effectuées ainsi il participé au développement des ISET Tunisiens/à la rénovation des EST du Maroc/la mise en place de l’enseignement technologique en Algérie, en Jordanie et au Mali/ à la réforme de l’enseignement supérieur d’Egypte/à la réforme du système IUT technologique du Vénézuéla.


Il a définitivement quitté l’IUT à l’automne 1999 pour devenir Directeur du Pôle Universitaire Européen Ile de France -Sud (Algorithmes) pendant deux ans (07—09-1999 au 31-08-2001) avec pour mission de changer le statut d’association en celui de GIP pour l’ensemble universitaire U {Paris XI- U Evry- U Versailles Saint Quentin- ENS Cachan- Supelec- SupOptique et IUFM de Versailles} avant d’assumer 2 mandats successifs de directeur de l’IUFM de Versailles (pour y assurer la mise en place de la réforme de la formation des maîtres) où il terminera sa carrière universitaire à la C.E. le 31-08-2008.


Sa recherche s’est toujours déroulée à Orsay, à l’Université Paris-Sud. D’abord au sein du Laboratoire de Chimie Physique L.C.P de la Faculté des Sciences plus précisément au Laboratoire des Collisions Electroniques L.C.E. puis au Laboratoire des Collisions Atomiques et Moléculaires L.C.A.M. sous la direction du Pr Florence Fiquet-Fayard, ceci jusqu’à son décès (†1977). Il a soutenu sa Thèse d’Etat et obtenu le titre de Docteur ès Sciences option chimie-physique en juin 1978. Ses recherches se sont poursuivies au L.C.A.M. jusqu’en 1987 en collaboration avec Robert Abouaff, futur PU et futur Doyen de la Fac des Sciences, avec lequel il s’est lié d’amitié. Celle-ci a, en particulier, beaucoup contribué, grâce à cette grande complicité mutuelle, à une meilleure compréhension des particularités et objectifs de l’enseignement en IUT par rapport à l’enseignement en licence -maîtrise de la faculté et facilité les relations IUT- Faculté. Sa recherche tout d’abord expérimentale a traité de l’attachement d’électrons lents sur des molécules, puis théorique sur la dissociation d’ions négatifs triatomiques et les réactions de paires d’ions. L’ensemble a donné lieu à 16 articles, 12 communications et l’encadrement et la soutenance de deux Thèses d’Etat.


En parallèle il a commencé à assumer un certain nombre de responsabilités administratives: il a été membre élu de la commission de choix de l’IUT d’Orsay de 1972 à 1985, membre élu de la CS 31 de Paris XI de 1974 à 1976 puis de 1986 à 1997, membre élu du conseil scientifique de LCAM de 1977 à 1979, membre élu B du CA de l’IUT de 1974 à 1976 puis de 1979 à 1982, enfin membre élu du Conseil d’Université de 1981 à 1982.


En 1987 il fait une reconversion vers une recherche plus appliquée, en relation avec les industriels et les fabricants de matériels, dans le domaine de la chimie analytique instrumentale, où il gère en particulier celui de la spectrométrie de masse. Pour cela il crée un laboratoire de recherche, au sein du département chimie de l’IUT d ’Orsay : le Laboratoire d’Etude des Techniques et Instruments d’Analyse Moléculaire le LETIAM auquel il m’associe. Il en assure la codirection jusqu’en 1999 et m’en délègue la direction scientifique dès 1987. Il y détache Jean Bleton à ½ temps (IE en GC du dpt chimie, promo DUT 73, Dr en sciences 1988) puis à plein temps en1991, et y recrute Nicole Longuemard remplacée à son départ en 1988 par Sylvie Héron, promo DUT Chimie 1985, 1° doctorante du LETIAM) à sa sortie de l’ENSC Rennes. Faire de la recherche fondamentale au service d’une recherche appliquée, en relation avec l’industrie dans une UER à dérogation n’était pas dans les mœurs et l’orthodoxie. Dès son origine Serge Goursaud, s’est activé pour que le LETIAM, laboratoire de recherche implanté dans un IUT, acquière une reconnaissance officielle, qui deviendra effective en 1998 comme UPRES-A, soutenue par les Présidents d’Université successifs Alain Gaudemer et Xavier Chapuisat, puis en 1999 comme E.A 4041: Groupe de Chimie Analytique de Paris-Sud en l’associant avec le Laboratoire de Chimie Analytique du Pr D. Ferrier de la Fac de Pharmacie de Châtenay-Malabry. A son départ vers d’autres horizons, le LETIAM, constitué de 2 PU, 3MdC et 1IE, avait pleinement atteint cet objectif et était devenu un laboratoire de chromatographie et de spectrométrie de masse représentatif dans l’univers de ces disciplines en France.

Hommage à Serge Goursaud organisé par Nelly Bensimon en 2008

 

Il a été très actif dans la vie du département chimie puis de l’IUT, aussi bien au niveau local que de la communauté nationale. Il a assuré, entre autres, 2 mandats de Chef de Département (de 09-81 à 06-87), a été Président de l’Assemblée des Chefs de Département.
Il a ensuite été élu Directeur de l’IUT pour 2 mandats (25-06-87 au 31-08-97), pendant lesquels il a été Président de la commission recherche de l’ADIUT (de 88 à 90) puis Vice-Président de l’ADIUT chargé du secteur industriel (de 90 à 91) enfin Président de l’ADIUT de 91 à 93. Il y a, en particulier, été chargé de mettre en place la coordination entre les IUT, de définir la place du système IUT avec la CPU et les Directions du M.E.N. Il a fait partie des 2 commissions «de réflexion sur les 1° cycles», présidée par le Pr H. Coudane (04 et 05-89) et «sur les IUT», présidée par le recteur C. Forestier (07 à 09-90).
Au niveau local nous lui devons la prise en compte et la gestion de l’IUT comme entité unique, et non pas comme la fédération de 5 départements plus les services généraux. A cet égard il était très complice avec R. Ramard, responsable des SG de l’IUT et F. Foucher sa secrétaire de direction, issue du dpt Informatique. Il a formé une équipe dirigeante en consultant régulièrement J. Serre (Chef de dpt Mesures physique), D. Fayard puis M. Rousseau (Chefs de dpt Informatique), C. Pardo (Chef de dpt Chimie) E. Lavalette (responsable du service de la F.C et de l’alternance) M.L. Chevrier (responsable du service de la scolarité), A. Demichel (responsable du service financier de l’IUT), M. Hocreitère (responsable administrative) et R. Ramard.

Nous lui devons aussi le développement de formations en apprentissage et alternance à Bac+3, avec la première, en Chimie, dès 1988 (le Diplôme d’Université en Contrat de Qualification MPCA en 88 qui s’est transformé grâce à la collaboration qu’il a initié avec la Chambre Syndicale des Industries de la Chimie (Pt R.Lehmann) et le CFA AFI 24 (M Doucet et M. Lhonoré) en DTSS puis DNTS (MPCA) transformés (1996) et habilités en 2000 en Licence Professionnelles. 2 autres suivront (TAE et COB). Très rapidement avec son appui et la collaboration d’autres CFA ces formations en apprentissage en DUT et DUT+1 se sont développées dans les départements Mesures Physiques et Informatique.
L’IUT lui doit aussi la NFI en Informatique (filière Descomps) dès 09-90 et le Centre de ressources audiovisuel commun avec l’IUT de Ville d’Avray.

Enfin, en 1990 nous lui devons les érections du bâtiment J, de l’amphi Essonne (aujourd’hui amphi Coudane), et de la cafétariat de l’IUT ainsi que du jardin argenté grâce un financement de la Région. La double haie de tilleuls et la butte qui entouraient tout l’IUT pour empêcher les intrusions sauvages, aujourd’hui pratiquement disparues et les portails datent de cette époque. Enfin en 1994 nous lui devons l’extension du Bâtiment B et sa réorganisation interne.

Serge Goursaud a effectué toute sa carrière d’enseignant au sein de l’IUT d’Orsay jusqu'à son départ en 1999. Très investi dans l’enseignement et tout particulièrement dans celui des relations propriétés-structure de la matière et des molécules, il a suivi les évolutions de ce domaine avec la fantastique évolution technologique des techniques de spectroscopie (IR, UV et Raman) de RMN et de spectrométrie de masse (S.M.) de 1970 à 2000. Il a construit un outil pédagogique très efficace pour rendre ses TD de méthodes physicochimiques de détermination de structure accessibles à tous, avant qu’il ne le partage avec ses collègues de spectroscopie. Par ailleurs il a aussi assuré les TD d’atomistique et de liaisons chimiques (DUT1), de thermodynamique et de cinétique en partage avec M. Pindat, de spectrométrie de masse (DUT 2, DUT FC, CFTS devenu par la suite APPC puis année spéciale). Le Pr H. Coudane lui avait délégué les cours d’amphi de SM; ainsi que les cours et TD de chimie physique du COPRIC (de 1968 à 1973) au lycée Diderot, 2 soirs par semaine, avant que cet enseignement en FC soit intégré en DUT -FC en 1974. Une fois passé PU et nommé directeur de l’IUT Serge Goursaud a tenu à garder l’enseignement de la SM en Cours et TD en DNTS MPCA. Enfin il a participé aux enseignements des stages ponctuels de F.C de spectroscopie moléculaire, IR, RMN et SM, aussi bien à l’IUT, que pour des fabricants de matériel. Serge Goursaud a su assurer ce travail remarquable toujours dans la simplicité et le soucis de faire passer sa grande culture aux populations d’étudiants très divers qui ont eu la chance d’assister à ses prestations.

Remise du prix du salon du laboratoire au service chromato (Perkin Elmer) en 1982 : à gauche D. Fayard (administrateur provisoire), au centre S. Goursaud (chef du département chimie), à droite A. Tchapla (MA en chromatographie).

 

"Tout en mobilisant beaucoup d’énergie pour construire des outils pédagogiques adaptés, il mettait humainement toute la patience qu’il fallait pour aider à comprendre ; il était très aimé d’eux. Comme le disait, en 1979, à son propos le PU H. Coudane, son père spirituel,: «Serge Goursaud était un enseignant de très grande valeur aussi bien par sa compétence que par son exceptionnelle efficacité pédagogique, mûrie par une expérience déjà longue et soutenue par un dévouement voire un désintéressement dignes des meilleurs éloges», qualités qu’il a continué à diffuser jusqu’à sa retraite dans les différentes fonctions qu’il a remplies. Il en a été récompensé par l’attribution des Palmes Académiques puis plus tard en mars 1997 en étant nommé Chevallier de la Légion d’Honneur par C. Le Forestier. C’est une grande tristesse de voir partir un enseignant charismatique, qui est parvenu à transmettre à plusieurs générations d’étudiants, sa passion pour la chimie, tout en partageant avec ses collègues, son art de l’enseigner.
Serge Goursaud était un collègue très apprécié pour ses qualités professionnelles et humaines. C'était une personne sur laquelle tout le monde, collègues comme étudiants, pouvait compter, » une vraie personnalité, une voix, un regard, une autorité naturelle». Il était un bon joueur de tennis et de volley ball et aimait le ski alpin. Il a ainsi participé aux différents matchs de rugby et volley ball entre les étudiants et les enseignants du département chimie. Et, tant qu’il n’a pas été directeur, participé activement aux classes de neige d’une semaine organisées par le département chimie.

Nous tenons à exprimer au nom de tous nos collègues nos plus profondes condoléances à sa famille et à ses proches.